Après « California soul » puis « Taking shape« , Augustine Kofie revient à Paris à la galerie Openspace pour cette troisième exposition solo intitulée « Build from memory ». À chaque passage ses toiles évoluent et même si on retrouve évidemment son style avec sa palette de couleurs, ses lignes, ses formes géométriques et quelques symboles immuables, le cru 2017 est plus ouvert, plus libéré.
Dès l’entrée nous avons deux grandes toiles et quatre tableaux en bois, ses deux supports principaux. Les toiles exposées sont effectivement dans un style plus délié, Augustine Kofie a voulu retrouver le geste plus instinctif, plus dynamique et plus souple qu’il emploie quand il travaille en graffiti dans la rue.
Les panneaux de bois sont un mélange de peinture et de collages où se superposent un nombre incroyable d’éléments ; photos, coupures de presse, publicités, emballages d’objets etc… Tous ces éléments récupérés dans des vide-greniers ou des brocantes aux Etats-Unis ou lors de ces voyages. D’autres objets de récupération sont également présents, des vieilles règles en bois notamment… On retrouve là le lien qui nous amène vers le nom même de son expo, la fabrication, l’élaboration mais surtout la mémoire.
Après être passé par deux autres salles de la galerie où nous avons pu voir de superbes tableaux sur panneaux de bois de plus petites tailles notamment, nous arrivons dans un nouvel espace où Augustine a reconstitué son univers, tel qu’on pourrait le trouver si on le rencontrait dans son atelier… Des baguettes de bois découpées, des extraits de journaux anciens ou des bouts de vieux papiers peint, des boites à « mémoire » et des croquis de futurs grandes toiles.
Et nous voici maintenant dans la dernière salle où l’on retrouve ses travaux les plus récents, sept grandes toiles qui portent bien la marque de l’artiste, mais qui donnent l’impression d’être en 3D. On dirait que la peinture vient vers nous, que l’on est en train de regarder des pièces d’un appartement d’en haut, comme sur des plans.
Je vous copie ici le communiqué de presse de la galerie à propos de l’expo et de l’artiste !
La Galerie Openspace a le plaisir d’annoncer Build From Memory, la troisième exposition personnelle de l’artiste américain Augustine Ko e dont elle représente le travail en France depuis 2013.
Le titre choisi pour cette exposition qui présente une toute nouvelle série d’œuvres réalisées en 2016-2017 (collages et peintures sur toile et sur bois) fait référence à notre faculté proprement humaine d’acquérir des connaissances pour ensuite les appliquer au monde matériel. L’être humain se définit par sa capacité à manipuler son environnement et à s’inscrire dans le temps. Nos souvenirs et nos expériences sont essentiels à nos actions. D’une certaine manière, en puisant dans notre mémoire un ensemble de fragments partiellement modifiés et altérés pour créer de nouvelles choses, nous construisons à travers nos actions présentes, le futur à partir du passé. Certaines choses sont oubliées, d’autres sont acquises.
Augustine Kofie continue d’explorer et d’approfondir la technologie et les différents processus de création de nouveaux espaces au sein de son travail, tout en se fixant une nouvelle problématique à chaque nouvelle série d’œuvres. L’exposition Build From Memory est née de l’interrogation de l’artiste sur la manière de créer un mouvement dynamique à partir d’une base statique (horizontale/verticale). La réponse à cette problématique a été donnée par l’emploi de diagonales venant créer une rupture, et de lignes de perspective permettant de créer un volume, une saillie, une immersion ou un effet de profondeur dans le système horizontal-vertical. Ce sont ces ruptures que l’artiste « construit de mémoire » et qui sont à l’origine du titre « Build From Memory », car directement inspirées des techniques 3D de lettrage comme la peinture d’enseigne ou le graffiti. « La 3D vient d’une perspective imaginaire, de plusieurs perspectives et de souvenirs multiples. »
Cette composition classique et ce processus de représentation formelle renseignent à la fois les collages et les peintures de l’artiste. « Le collage est le laboratoire de ma technique constructiviste. C’est une phase de découverte, de récupération et de préparation – la mosaïque, le collage et la transformation des matériaux. Je vais au plus loin pour construire mes toiles, en utilisant la matière comme couleur, et la peinture seulement pour accentuer ce qui est déjà là. » Chaque fragment est un rescapé du processus de destruction du temps. Chacun contient une mémoire et représente une porte d’accès vers un moment précis. Chaque lettre, élément graphique ou couleur est un indice mémoriel. Comme souvent, les peintures d’Augustine Kofie naissent d’abord sous forme d’esquisses, mais celles-ci ne sont pas projetées ou reproduits sur la toile. La position des éléments, l’échelle, le rapport entre les formes, les espaces négatifs et positifs – tout change avec le médium. La mémoire musculaire entre à nouveau en jeu, non plus à travers l’expérience accumulée de plusieurs années de lettrage, mais plutôt par la pratique de grands murs peints dans l’espace public.
« Aujourd’hui, j’assouplis un peu ma pratique sur toile » explique l’artiste, « je peins comme je ferais un mur. Je fais intervenir mon corps dans le rythme de la conception ; je réalise mes toiles rapidement, par gestes répétitifs, en utilisant une technique picturale qui me vient de la rue, ce qui leur donne une dynamique plus souple et vivante. Ensuite, je travaille les détails, en utilisant des outils de plus en plus fins ; allant de la peinture appliquée au petit rouleau, jusqu’aux larges lignes à la bombe en passant par de larges coups de pinceaux et de la vaporisation de spray, puis j’affine et précise ensuite avec un très n pinceau. C’est ce rapport entre liberté gestuelle et contrôle qui m’a toujours intéressé. »
Né en 1973 à Los Angeles, Augustine Kofie découvre le graffiti à la fin des années 80, immergé dans la culture skate qui l’environne. Inspiré par la forme et la structure des lettres, Augustine Kofie les apprivoise, les déstructure pour ensuite les reconstruire, avec une véritable maîtrise technique de la spatialité. Évoluant en galerie dès 2002, son exposition de 2009, Vintage Futurism (Zero1 Gallery, Los Angeles) marque une étape déterminante dans son parcours, pose les bases de tout son travail actuel. Une maîtrise de l’échelle et du mouvement sans pareil se lit dans ses œuvres tout en lignes et formes structurées tandis que le vintage s’immisce dans son univers ; des illustrations de magazines des années 60 qu’il utilise pour ses collages, aux matériaux de récupération qu’il utilise comme support, en passant par son choix de couleurs. Augustine Kofie collabore avec plusieurs galeries américaines à New York et Détroit, et est représenté en France par la galerie Openspace depuis 2013 et le cycle d’expositions qu’elle a organisé sur le Graffuturisme. Augustine Kofie est en effet aujourd’hui considéré comme l’un des représentants les plus importants de ce mouvement mondial et renouvelle en cela l’approche de la peinture abstraite contemporaine.
GALERIE
OPENSPACE
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116, boulevard Richard Lenoir 75011 Paris, France
merc- sam ; 14h-19h
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