Près de trois ans après « All Monsters Are Human« Eric Lacan est de retour à la galerie Openspace pour cette troisième exposition solo intitulée « Beautiful Decay ». Il a abattu un travail incroyable pour livrer cette magnifique expo, on y retrouve son style si particulier de peinture qu’il a su malgré tout faire évoluer et son travail de découpe qui nous laisse toujours pantois. Avec un style pareil on pourrait s’attendre à un artiste torturé, gothique, déprimé, il n’en est rien, Eric Lacan (qui n’a rien à voir avec Jacques Lacan le psychiatre, mais plutôt avec « Monsieur Qui » qui est son nom de rue) est quelqu’un de gai, ouvert et surtout très sympa et voit ses tableaux comme étant plein de vie et joyeux…
Ses tableaux fourmillent de détails, ils sont d’une finesse incroyable et il peut passer des semaines pour les finaliser. Nous, observateurs, on peut passer de longues minutes devant chacun pour trouver le rat, l’inscription, le petit poisson ou la plume qui sont discrètement intégrés à l’oeuvre. Il n’utilise parfois qu’un poil de pinceau pour les détails et en tout cas il utilise un large choix d’outils pour arriver à ce résultat.
Souvent à la galerie Openspace, Samantha Longhi et Nicolas Chenus demandent aux artistes exposés de nous présenter leur environnement de travail. Ici ce n’est pas tant l’environnement qu’Eric Lacan a voulu nous montrer mais plutôt l’esprit, l’ambiance qui lui correspond… Il a donc reconstitué une sorte de cabinet de curiosités avec des squelettes d’animaux, des vieux extraits de journaux, des croquis, des fioles et des vieux objets qui nous plongent dans une ambiance très particulière, mais comme toujours avec Eric Lacan il faut regarder les détails et là on retrouve l’humour et la subtilité de l’artiste… Observez les étiquettes des flacons, les articles collés au mur, certains autres détails et vous comprendrez, comme ce flacon qui déborde des pointes de cutter qui lui ont permis de réaliser toutes les découpes de ses oeuvres avec son étiquette « Patience », cette autre étiquette « Hilarious nightmare » ou encore « Oxymore Juice », il a même créé le papier peint !
Je vous recommande également de vous attarder longuement sur ses oeuvres en paper cut, de véritables dentelles !… Il peut passer des centaines d’heures sur un tableaux pour découper (d’où les lames dans le flacon « Patience ») des feuilles noires, les assembler et les fixer entre deux plaques de verre. Observez les détails, la finesse de découpe, c’est totalement dément !… L’oeuvre « Fuck you very much » est un véritable exercice de style qui tient de l’exploit quand on sait que ce n’est qu’une feuille qui reste assemblée quand on la soulève et vu la complexité des découpes, c’est juste incroyable !…
Je vous copie ici le communiqué de presse de la galerie à propos de l’expo et de l’artiste !
Éric Lacan est un artiste historique de la Galerie Openspace. Celle-ci le représente de façon exclusive en France depuis 2013 et lui a consacré à ce jour deux expositions personnelles : Seventeen Seconds (2013) et All Monsters are Human (2014). Quand, forts de leurs expériences respectives de commissaires d’expositions et de directeurs artistiques de galeries, Samantha Longhi et Nicolas Chenus décident en 2012 d’ouvrir une galerie d’art, c’est pour mettre leur expertise au service des artistes et des collectionneurs, ayant fondé en 2008 Graffiti Art, le magazine dédié à l’art contemporain urbain. La première Galerie Openspace voit alors le jour dans un quartier confidentiel du 11e arrondissement et permet à Éric Lacan de dévoiler son travail pour la toute première fois.
En avril 2013, Seventeen Seconds est sa toute première exposition. Celui qui s’était fait connaître dans les rues de Paris sous le nom de Monsieur Qui grâce à ses collages noir et blanc, montre alors pour la première fois l’étendue de son talent. Autodidacte obsédé par le développement technique, Éric Lacan montre alors un travail complet, interdisciplinaire et déjà très abouti. À la fois issu du graffiti (groupe 132) et du street art, il apparait au sein de la scène française comme un véritable outsider, explorant la peinture, le papier découpé ou encore la céramique, et développant dès le début des installations dans le cadre d’une scénographie conçue en collaboration avec la galerie.
Quelques mois après un passage remarqué dans l’exposition État des lieux, Paris 2013, dans laquelle la styliste et galeriste agnès b. proposait sa vision de la scène française actuelle, Éric Lacan présente en 2014 sa deuxième exposition, All Monsters are Human. L’espace majestueux de 650 m2 du Bastille Design Center permet à l’artiste et à la Galerie Openspace de faire une proposition plastique poussée. Le cadre imaginaire de l’artiste se voit ainsi transposé et sublimé via plusieurs éléments scénographiques tels que des végétaux (ronces, branchages, feuilles mortes), des tissus et des bougies consumées. Une salle enfouie sous des kilomètres de papier avec en son centre un bureau d’architecte, figure la représentation symbolique du travail de papier découpé de l’artiste, résultat de centaines d’heures de labeur et d’une immersion totale dans son processus artistique et technique. Cette exposition constituée d’une cinquantaine d’œuvres a ainsi permis au public de voyager à travers différents médiums ; peinture sur toile, dessins sur bois, papiers découpés et photographies documentant ses collages de rue.
À chaque nouvelle œuvre réalisée à l’atelier, Éric Lacan franchit une nouvelle étape et relève un nouveau défi, montrant une technique de plus en plus aboutie, de plus en plus généreuse de détails et de prouesses techniques. Chaque œuvre nécéssitant à l’artiste en moyenne 250 heures de travail, sa production est désormais réduite à une douzaine de pièces par an. Obsédé par le temps qui passe aussi bien dans sa productivité que dans les sujets de ses œuvres, Éric Lacan puise notamment son inspiration dans l’histoire de la photographie et des gravures du XIXe siècle (Gustave Doré). Son approche de la vanité contemporaine l’a amené à élaborer son propre langage et trouver un équilibre entre portraits de femmes (plus ou moins décharnées), portraits d’animaux – corbeaux, chiens, sangliers… – et figuration de différents symboles tels que le crâne bien évidemment.
L’exposition Beautiful Decay est le résultat de trois ans de travail intensif et présente une quarantaine de peintures sur toile, d’œuvres en technique mixte sur bois, de papiers découpés et de dessins sur papier. Coïncidant avec le 5e anniversaire de la Galerie Openspace, cette exposition est un évènement majeur du calendrier de l’art à Paris, une attente s’étant véritablement créée chez les collectionneurs.
C’est notamment le cas du papier découpé, technique qui a fait son succès dès ses tout débuts. Utilisant une toute petite lame pivotante lui permettant de tracer des lignes, des déliés et des courbes d’une très grande précision, Éric Lacan développe des portraits aux chevelures mêlées à des feuillages, ronces et fleurs d’une minutie sans précédent. Ses œuvres se composent de plusieurs couches de papier qu’il assemble à la main au moment décisif de l’encadrement, où elles sont alors plaquées entre deux verres, prenant ainsi leur aspect définitif. Avant cette ultime étape, l’artiste travaille quasiment à l’aveugle, par fragments, l’œil collé à son ouvrage, ayant une image très précise de sa finalité, et la faisant parfois évoluer. Ce long processus de découpe, selon la complexité de l’œuvre, peut s’étaler d’une durée de 100 à 300 heures. Le caractère perfectionniste de l’artiste l’amène en effet à se dépasser de pièce en pièce et à élever le niveau de difficulté technique de façon considérable. Cette notion de défi se retrouve d’ailleurs chez les grandes figures de l’art du papier découpé contemporain qu’admire aujourd’hui Éric Lacan telles que Bovey Lee ou Mia Pearlman. Un défi sans fin mettant en question la notion d’œuvre originale et le processus de création artistique.
En 2017, Éric Lacan s’est donc astreint à de nouveaux défis techniques dans son approche de la découpe comme de la picturalité, suivant notamment plusieurs cours privés de dessin anatomique. Il s’adonne à la représentation de textures et de matières telles que de la dentelle, des plumes, du pelage d’animaux… Un renard endormi vient ainsi séduire le regard du spectateur et apporter une nouvelle sensualité à son travail. Une sensualité que vient contrebalancer une puissance créatrice, générée par des compositions et des juxtapositions de détails qui proposent un voyage initiatique que le spectateur ne peut entreprendre qu’avec délectation.
GALERIE
OPENSPACE
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116, boulevard Richard Lenoir 75011 Paris, France
merc- sam ; 14h-19h
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